Social representations of aging, physical activity and psychosocial involvement in the ACCORDS cohort (80+)
Représentations sociales du vieillissement, activité physique et implication psychosociale dans la cohorte ACCORDS (80 ans+)
Résumé
Introduction
L'impact des stéréotypes sur les divers aspects de la vie des personnes âgées (leur auto-perception, leurs interactions sociales, leur accès aux ressources et, plus généralement, leur bien-être) a été beaucoup étudié et n'est plus à démontrer. Mais les stéréotypes ne constituent que la partie cognitive de l’attitude (Boudjemani,2009) : ce qui donne la raison d’une attitude ou d’un ensemble d’attitudes, c’est la représentation sociale (Rouquette, 1996 ; Flament & Rouquette, 2003).
Cette étude propose d'étudier les représentations sociales qu'ont les personnes âgées du vieillissement et de questionner leur élaboration au regard de deux variables clés : le niveau d'activité physique, qui constitue un indicateur de la fragilisation (Zhao et al. 2022) et le niveau d'implication psychosociale envers la fragilité, qui joue un rôle de médiateur entre les représentations sociales et les intentions de pratiques (Lheureux et al. 2011).
Nous postulons que leur positionnement sur ces deux variables influence la manière dont les personnes âgées se projettent sur leur vieillissement, conditionnant leur manière de le vivre.
Méthodes
Les participants à cette étude sont les participants de la cohorte ACCORDS, suivis deux ans durant dans l'ut ilisat ion d'un disposit if de dét ec t ion préc oc e de fragilisation.
Nous avons élaboré une méthodologie mixte, déployée sur 3 temps de mesures : un recueil des unités d’analyse lors d’entretiens, permettant l’élaboration de 37 énoncés (T1) ; un tri par bloc de ces 37 énoncés six mois plus tard (T2) ; le même tri par bloc 12 mois après (T3). Différentes données quantitatives ont également été recueillies par questionnaire à chacune de ces étapes (implication psychosociale envers la fragilité ; stéréotype ; âge subjectif...) et croisées avec les données recueillies par un actimètre tout au long de l'étude.
Les données recueillies ont d'abord été soumises à une classification hiérarchique a f i n d ' i d e n t i f i e r l e s é l é me n t s c e n t r a u x e t l e s é l é me n t s p é r i p h é r i q u e s d e l a représentation sociale. Une analyse factorielle de correspondance (AFC) a ensuite été réalisée dans le but d'observer la manière dont l'activité et l'implication psychosociale pouvaient structurer les représentations sociales du vieillissement.
Résultats
Nos résultats montrent que la représentation sociale du vieillissement de notre cohorte se structure autour d'éléments positifs ("Liberté d'action" ; "possibilité de profiter de son entourage", "bénéficier d'une attention bienveillante"...) ou négatifs ("ralentissement des capacités physiques et cognitives" ; "perte d'autonomie" ; "crainte d'une fin de vie en souffrance"...).
De même, les deux dimensions choisies pour réaliser l'AFC sont pertinentes pour analyser le rapport de notre population au vieillissement, expliquant 80,3 % de la variance observée (41,3 % pour l'activité ; 39 % pour l'implication psychosociale).
Nous pouvons constater que les participants qui présentent la plus forte implication psychosociale sont également ceux qui mobilisent le plus les éléments centraux de la représentation, comme on pouvait s'y attendre.
Le deuxième constat est que ce qui les distingue est bien leur niveau d'activité. Plus les participants présentent une forte activité, plus ils vont choisir les éléments centraux positifs ("temps libéré", "possibilité de profiter de son entourage"), tandis que les participants qui présentent une activité moins importante vont avant tout mobiliser les éléments centraux négatifs ("ralentissement des capacités physiques et cognitives" ; "perte d'autonomie" ; "crainte d'une fin de vie en souffrance"...). Les deux autres zones se caractérisent respectivement par des éléments périphériques de la représentation : la question du pouvoir d'agir ("éloignement de ses proches" ; "besoin de respecter une certaine routine") est ainsi soulevée par les actifs peu impliqués ; celle de l'identité personnelle par les plus passifs et les moins impliqués ("se sentir de plus en plus inutile" ; "décalage générationnel"...).
Conclusion
Nos résultats permettent d'approfondir le sillon ouvert dans la littérature sur le lien entre représentation et fragilité. Ils confirment que l'activité est corrélée à une forme de représentation singulière, introduisant une nouvelle perspective de recherche : l'implication psychosociale des individus sur la question de la fragilité, qui semble médiatiser la représentation du vieillissement et générer des préoccupations différentes pour chacun.
Outre la promotion de l'activité physique, il s'agira donc également de promouvoir l'implication psychosociale sur la question de la fragilité, ainsi que de vérifier si ce lien présente aussi une relation de causalité (et le cas échéant, laquelle).
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